Deuxi�me Sommet des Am�riques
Santiago, R�publique du Chili, 18 et 19 avril 1998

Deuxi�me Sommet des Am�riques
D�claration de Santiago

Le document suivant est le texte int�gral de la D�claration de Santiago, sign�e par les chefs d'�tats et de gouvernements des Am�riques � l'occasion du deuxi�me Sommet des Am�riques.


Nous, chefs d'�tat et de gouvernement d�mocratiquement �lus des pays des Am�riques, sommes r�unis � Santiago du Chili pour continuer le dialogue et intensifier l’effort de coop�ration amorc�s � Miami en d�cembre 1994. Depuis cette date, des progr�s significatifs ont �t� r�alis�s pour ce qui est de formuler et d’ex�cuter des projets et programmes conjoints devant permettre de profiter des grandes possibilit�s qui s’ouvrent � nous. Nous r�affirmons notre volont� de poursuivre cette entreprise capitale, qui exige des efforts nationaux soutenus et une coop�ration internationale dynamique.

La consolidation de la d�mocratie, le dialogue politique, la stabilit� �conomique, le progr�s vers la justice sociale, la convergence de nos politiques d'ouverture commerciale et la volont� d’acc�l�rer le processus permanent d'int�gration de l'h�misph�re ont contribu� � la maturation de nos relations. Nous redoublerons nos efforts pour poursuivre les r�formes destin�es � am�liorer les conditions de vie des peuples des Am�riques et pour instaurer une communaut� solidaire. C’est pourquoi nous avons d�cid� de faire de l’�ducation un sujet particuli�rement important de nos discussions. Nous approuvons le Plan d’action annex� et nous nous engageons � le r�aliser.

Depuis notre r�union de Miami, nous avons constat� dans les Am�riques de r�elles retomb�es �conomiques, du fait de la lib�ralisation des �changes commerciaux, d’une plus grande transparence des r�glementations �conomiques, de l’adoption de judicieuses politiques �conomiques, ax�es sur l’�conomie de march�, ainsi que des efforts consentis par le secteur priv� afin d’augmenter sa comp�titivit�. Malgr� les difficult�s financi�res et �conomiques �prouv�es par des pays de la r�gion, alors que certains pays d’autres r�gions subissaient, eux, de graves revers �conomiques, les tendances g�n�rales observ�es dans les Am�riques ont �t� une croissance �conomique plus rapide, des taux d’inflation inf�rieurs, de plus vastesd�bouch�s et un climat de confiance face au march� mondial. Ces acquis sont attribuables en grande partie aux efforts soutenus et concert�s accomplis par nos pays afin de promouvoir la prosp�rit� par une plus grande int�gration et une plus large ouverture de nos �conomies. De nouveaux partenariats ont �t� form�s, et les alliances existantes ont �t� renforc�es et �largies. Les accords sous-r�gionaux et bilat�raux d’int�gration et de libre-�change jouent aujourd’hui un r�le positif. Nous sommes persuad�s que la Zone de libre-�change des Am�riques (ZLEA) am�liorera le bien-�tre de nos peuples, y compris les populations �conomiquement d�favoris�es, dans nos pays respectifs.

L'int�gration de l' h�misph�re constitue un compl�ment n�cessaire aux politiques nationales visant � �liminer des probl�mes persistants et � atteindre un plus haut degr� de d�veloppement. Un processus d'int�gration, au sens le plus large du terme, dans le respect des entit�s culturelles, nous permettra de d�finir un ensemble de valeurs et d'int�r�ts communs qui nous aidera � atteindre ces buts.

La mondialisation offre de grandes possibilit�s pour le progr�s de nos pays et ouvre de nouveaux domaines de coop�ration pour la communaut� de l’h�misph�re. Cependant, elle peut �galement aggraver les diff�rences entre les pays et au sein de nos soci�t�s. Fermement d�cid�s � profiter de ses avantages et � faire face � ses d�fis, nous apporterons une attention particuli�re aux pays et groupes sociaux les plus vuln�rables de notre h�misph�re.

L’�ducation constitue le facteur d�cisif du d�veloppement politique, social, culturel et �conomique de nos peuples. Nous nous engageons � faciliter l’acc�s de tous les habitants des Am�riques � l’�cole maternelle et � l’�ducation primaire, secondaire et sup�rieure, et nous ferons de l’apprentissage un processus permanent. Nous mettrons la science et la technologie au service de l'�ducation afin de repousser les fronti�res du savoir et d’aider les enseignants � d�velopper au maximum leurs capacit�s. Le Plan d'action qui accompagne cette D�claration d�finit les objectifs et les buts que nous voulons atteindre et les actions par lesquelles nous entendons y arriver. Pour atteindre nos buts dans les d�lais convenus, nous r�affirmons notre engagement � investir des ressources plus importantes dans ce domaine vital et � encourager la soci�t� civile � participer au d�veloppement de l’�ducation.

Les d�cisions prises par nos ministres de l'�ducation � la Conf�rence de M�rida, au Mexique, en f�vrier dernier, r�pondent � notre volont� de promouvoir des initiatives conjointes et pr�cises, destin�es � am�liorer l'acc�s � une �ducation de qualit�, de mani�re �quitable, pertinente et efficace. Pour consolider nos r�solutions et en assurer la continuit�, nous avons appel� � la tenue d’une nouvelle conf�rence, � Brasilia, au Br�sil, en juillet prochain.

Aujourd’hui, nous chargeons nos ministres responsables du commerce d’entamer les n�gociations sur la ZL�A, conform�ment � la D�claration minist�rielle de San Jos� de mars 1998. Nous r�affirmons notre volont� de conclure ces n�gociations au plus tard en 2005, et de faire des progr�s concrets avant la fin du si�cle. L’accord sur la ZL�A devra �tre �quilibr�, integral et conforme � l’OMC, et il constituera un engagement unique.

Nous avons consider� avec satisfaction les travaux pr�paratoires r�alis�s depuis trois ans par les ministres responsables du commerce, lesquels ont renforc� nos politiques commerciales, favoris� la compr�hension de nos objectifs �conomiques et facilit� le dialogue entre les pays participants. Nous appr�cions la contribution non n�gligeable de la Banque interam�ricaine de d�veloppement (BID), de l’Organisation des �tats am�ricains (OEA) et de la Commission �conomique des Nations unies pour l’Am�rique latine et les Cara�bes (CEPALC), dans leur r�le de Comit� tripartite.

Le processus de n�gociation de la ZL�A sera transparent et tiendra compte des diff�rences en ce qui concerne les niveaux de d�veloppement et les tailles respectives des �conomies des Am�riques, afin que tous les pays puissent y participer pleinement. Nous encourageons tous les secteurs de la soci�t� civile � participer et � contribuer au processus d’une mani�re constructive, par le biais de nos m�canismes respectifs de dialogue et de consultation, et en se pr�valant du m�canisme cr�� dans le cadre du processus de n�gociation de la ZL�A. Nous sommes persuad�s que l’int�gration �conomique, l’investissement et le libre-�change sont des facteurs cl�s pour rehausser le niveau de vie et am�liorer les conditions de travail des habitants des Am�riques et pour mieux prot�ger l’environnement. Ces �l�ments seront pris en compte au fur et � mesure que nous avancerons dans le processus d’int�gration �conomique des Am�riques.

La r�gion a r�alis� des progr�s significatifs, tant dans le domaine mon�taire que budg�taire, ainsi que sur le plan de la stabilit� des prix et de l'ouverture de nos �conomies. La volatilit� des march�s de capitaux confirme notre d�cision de resserrer le contr�le des banques dans l’h�misph�re ainsi que de r�glementer la divulgation et la diffusion d’informations sur l’activit� des banques.

La force et le sens de la d�mocratie repr�sentative r�sident dans la participation active des citoyens � tous les niveaux de la vie civique. La culture d�mocratique doit toucher l’ensemble de notre population. Nous approfondirons l'�ducation pour la d�mocratie et ferons la promotion des r�formes n�cessaires pour que les institutions publiques deviennent des syst�mes plus participatifs. Nous nous engageons � consolider, le cas �ch�ant, les capacit�s des gouvernements r�gionaux et locaux, et � encourager une participation plus active de la soci�t� civile.

La promotion et le respect des droits de la personne et des libert�s fondamentales de tous les individus constitue une pr�occupation primordiale de nos gouvernements. Alors que nous c�l�brons le cinquantenaire de la D�claration am�ricaine des droits et des devoirs de l’homme et de la D�claration universelle des droits de la personne, nous convenons de la n�cessit� de promouvoir la ratification et la mise en oeuvre des accords internationaux destin�s � les sauvegarder, et de continuer � renforcer les institutions nationales et internationales pertinentes. Nous convenons du r�le fondamental qu’une presse libre joue en ce sens, et nous r�affirmons l’importance de garantir la libert� d’expression, d’information et d’opinion. Nous nous r�jouissons de la nomination r�cente d’un Rapporteur sp�cial pour la libert� d’expression dans le cadre de l’Organisation des �tats am�ricains.

Convaincus qu’une administration de la justice ind�pendante, eficiente et efficace joue un r�le essentiel dans le processus de consolidation de la d�mocratie, qu’elle en raffermit les institutions, assure l'�galit� de tous les citoyens et contribue au d�veloppement �conomique, nous renforcerons nos politiques relatives � la justice et nous encouragerons les r�formes n�cessaires pour promouvoir la coop�ration juridique et judiciaire. � ces fins, nous renforcerons les entit�s nationales vou�es � l’�tude de l’administration de la justice et nous h�terons la cr�ation d'un centre d'�tudes dans ce domaine au niveau de l’h�misph�re.

Nous lutterons contre toutes les formes de discrimination dans l'h�misph�re. L'�galit� des droits et des possibilit�s entre les hommes et les femmes ainsi que la participation dynamique des femmes dans tous les domaines d'activit� de nos pays sont des objectifs prioritaires. Nous continuerons � favoriser la pleine int�gration des populations autochtones et des autres groupes vuln�rables � la vie politique et �conomique, dans le respect des caract�ristiques et des expressions qui affirment leur identit� culturelle. Nous ferons un effort sp�cial pour garantir le respect des droits humains de tous les migrants, y compris les travailleurs migrants et leurs familles.

L’�radication de la pauvret� demeure le plus grand d�fi que notre h�misph�re doit relever. Nous sommes conscients que la croissance positive observ�e dans les Am�riques au cours des derni�res ann�es n’a pas encore donn� r�ponse aux probl�mes d’iniquit� et d’exclusion sociale. Nous sommes d�cid�s � �liminer les barri�res qui emp�chent les pauvres d’acc�der � une nutrition ad�quate, aux services sociaux, � un environnement sain, au cr�dit, ainsi qu’� la propri�t� l�gale de leurs biens. Nous soutiendrons mieux les micro-entreprises et petites entreprises, ferons la promotion des normes fondamentales du travail reconnues par l’Organisation internationale du travail (OIT) et utiliserons les nouvelles technologies pour am�liorer l’�tat de sant� de toutes les familles des Am�riques, avec l'aide technique de l'Organisation panam�ricaine de la sant� (OPS), et atteindre des niveaux plus �lev�s d’�quit� et de d�veloppement durable.

Nous constatons avec une profonde satisfaction que la paix, valeur fondamentale de la coexistence humaine, est une r�alit� dans notre h�misph�re. Nous soulignons que l’Am�rique centrale est devenue une zone de paix, de d�mocratie et de d�veloppement, et reconnaissons les efforts pour l’�limination des mines antipersonnel et la r�adaptation de leurs victimes. Nous continuerons � favoriser la confiance et la s�curit� entre nos �tats par des mesures comme celles mentionn�es dans les d�clarations de Santiago et de San Salvador sur les mesures d’encouragement de la confiance et de la s�curit�. Nous encourageons le r�glement pacifique des diff�rends.

Nous donnerons un nouvel �lan � la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent, le terrorisme, le trafic des armes et des stup�fiants, y compris leur consommation illicite, et nous coop�rerons pour faire en sorte que les d�linquants ne trouvent asile nulle part dans l’h�misph�re. Nous sommes d�cid�s � pers�v�rer dans cette voie.

En formant une alliance contre les drogues et en appliquant la strat�gie antidrogue de l’h�misph�re, nous ne pouvons que nous r�jouir de l’amorce de n�gociations formelles, � la r�union de la Commission interam�ricaine de lutte contre l'abus des drogues (CICAD) qui aura lieu le 4 mai, � Washington, dans le cadre de l’Organisation des �tats am�ricains (O�A), dans le but d’�tablir une proc�dure objective pour faire l’�valuation multilat�rale des actions et de la coop�ration destin�es � pr�venir et combattre le probl�me des drogues sous toutes ses formes et les d�lits connexes, selon les principes de la souverainet�, de l’int�grit� territoriale des �tats et du partage de la responsabilit�, et dans une optique g�n�rale et �quilibr�e.

Nous renforcerons les efforts d�ploy�s aux niveaux national, h�misph�rique et international pour la protection de l'environnement, en tant que base d'un d�veloppement durable, garantissant � l'�tre humain une vie saine et productive, en harmonie avec la nature. Les engagements pris au Sommet de Miami et au Sommet sur le d�veloppement durable qui a eu lieu � Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, fournissent une base solide pour l'approfondissement de nos actions. En tant que parties � l'Accord cadre des Nations unies sur le changement climatique, nous soulignons l'importance de collaborer pour mieux appliquer l’accord conclu � la Conf�rence de Kyoto, au Japon, et pour promouvoir sa ratification par nos pays. De m�me, nous coop�rerons �troitement pour pr�parer la Conf�rence des Parties qui aura lieu en novembre de cette ann�e � Buenos Aires, en Argentine.

Nous reconnaissons que le d�veloppement de liens �nerg�tiques et l’intensification des �changes dans le secteur de l’�nergie, entre nos pays, renforcent et favorisent l’int�gration des Am�riques. Sur la base d’activit�s comp�titives et transparentes, conformes aux conditions et objectifs nationaux, l’int�gration �nerg�tique contribue au d�veloppement durable de nos pays et � l’am�lioration de la qualit� de vie de nos populations, en nuisant le moins possible � l’environnement.

Tout en reconnaissant l’importance des institutions de l’h�misph�re ainsi que le r�le positif qu’elles jouent, particuli�rement l’Organisation des �tats am�ricains (O�A), nous chargeons nos ministres d’examiner des moyens de les renforcer et de les moderniser.

Nous r�affirmons notre volont� de continuer � approfondir le dialogue et la coop�ration intrah�misph�riques dans l’esprit d’amiti� et de solidarit� qui anime nos nations.


Fait � Santiago, Chili, ce 19 avril 1998, dans les langues espagnole, fran�aise, anglaise et portugaise.

[French&Portuguese/tracker.htm]